Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/313

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que Mrs Steerforth, n’apercevant plus contre son fauteuil celle que cherchait son regard, ne tournât tout-à-fait la tête et ne lût sur le visage de Rosa la nouvelle qu’elle n’était pas encore préparée à recevoir, j’arrêtai moi-même l’attention de ses yeux ; mais je n’avais pas vu Rosa étendre les mains et les croiser sur son front avec le geste du désespoir et de l’horreur.

La mère (cette noble et belle figure, si semblable à son fils… ah ! si semblable !) porta aussi, en me regardant, une main à son front. Je la suppliai d’être calme et de rassembler toutes les forces de son âme pour supporter ce que j’allais lui apprendre ; mais j’aurais pu tout aussi bien la supplier de pleurer, car elle resta devant moi comme une statue de marbre.

« — La dernière fois que je vins ici, » dis-je en balbutiant, « Miss Dartle me dit qu’il naviguait, et elle m’a écrit depuis qu’il se proposait de revenir en Angleterre. La nuit d’avant-hier a été terrible à la mer ; s’il avait été en mer cette nuit-là… près d’une côte dangereuse… et si le navire qu’on a vu était réellement celui… 

» — Rosa, » dit Mrs Steerforth, « venez, approchez-vous de moi. »