Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/314

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Rosa s’approcha d’elle, mais sans sympathie, sans paraître touchée de son malheur ; ses yeux étincelaient comme le feu, et, en regardant cette mère privée de son fils, elle fit éclater un rire effrayant.

« — Maintenant, » s’écria-t-elle, « votre orgueil est-il satisfait, femme insensée que vous êtes ? maintenant qu’il a expié ses torts envers vous… au prix de sa vie ! Entendez-vous ? sa vie ! »

Mrs Steerforth, renversée raide dans son fauteuil et ne répondant que par un gémissement, contempla Rosa avec des yeux effarés.

« — Oui, » reprit Rosa se frappant violemment la poitrine, « regardez-moi ; gémissez et regardez-moi, et regardez aussi l’œuvre de votre fils mort… » ajouta-t-elle en touchant du doigt sa cicatrice.

Le gémissement répété de la mère me déchira le cœur ; gémissement toujours le même, toujours inarticulé et étouffé ; toujours accompagné d’un faible mouvement de la tête, mais sans aucune altération du visage ; toujours passant à travers les lèvres raides, les dents serrées.

« — Vous rappelez-vous quand il fit cela ? » poursuivit Rosa Dartle ; « vous rappelez-vous quand, fidèle au caractère à lui transmis par