Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/343

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comme suspendues aux précipices entre un glacier et un vert pâturage, se faisaient remarquer des cabanes en bois qu’on eût pris pour des joujoux d’enfants par l’effet du contraste des hauteurs suréminentes. Tel apparaissait aussi le village dans la vallée avec son pont sur le torrent, là où ses flots se contenaient dans un lit régulier après avoir bondi de rochers en rochers. Dans l’air paisible, on entendait par intervalles une harmonie lointaine, celle des chalumeaux et de la voix des bergers ; mais, comme un nuage pourpre flottait d’une cime à l’autre, j’aurais pu croire que cette harmonie venait de là et n’était point une musique mortelle. Tout-à-coup, au milieu de cette sérénité de la terre et du ciel, la nature me parla : je fus ému, et inclinant ma tête sur le gazon, je pleurai comme je n’avais pas encore pleuré depuis la mort de Dora !

Quelques minutes auparavant j’avais trouvé au village un paquet de lettres qui m’y attendait, et j’étais allé dans la campagne pour les lire pendant qu’on apprêtait mon souper. D’autres paquets ne m’étaient pas parvenus, et j’étais depuis long-temps sans nouvelles d’Angleterre. Moi-même je n’avais pas eu le courage ou la persévérance nécessaires pour