Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/342

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escarpées, les précipices, les torrents rugissants, les glaciers et les avalanches ; mais, jusque-là, ces merveilles sublimes ne m’avaient rien appris.

Un soir avant le coucher du soleil, je descendis dans une vallée où je devais passer la nuit. En suivant les sinuosités du sentier qui serpentait le long de la montagne, je pense que quelque sensation nouvelle, quelque douce influence éveillée par le charme paisible de cette solitude, s’insinua dans tout mon être. Je me rappelle que je m’arrêtai un moment avec une sorte de mélancolie qui ne m’oppressait plus, qui même faisait trêve à mon désespoir… J’entrevis qu’il se ferait un jour quelque changement en moi.

J’arrivai au fond de la vallée au moment où le soleil couchant dorait les neiges des crêtes alpines qui l’entouraient comme d’une haute barrière d’éternels nuages. Les bases des montagnes formant la gorge où est situé le petit village, étalaient une riche végétation, et, au-dessus de cette verdure délicate, des bois de sombres sapins servaient de bordure à la neige des avalanches. Plus haut encore, des rochers superposés les uns aux autres figuraient les gradins d’un amphithéâtre naturel. Çà et là,