Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/38

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» — Et quelle est-elle ? » demanda Agnès en riant.

« — Je ne sais comment l’appeler. Je crois être sérieux et persévérant.

» — J’en suis certaine, » dit Agnès.

« — Et patient, Agnès, » poursuivis-je avec un peu d’hésitation.

« — Oui, pas mal ! » reprit-elle riant toujours.

« — Et cependant je me sens si misérable et si tourmenté, je suis si irrésolu et si indécis, qu’il doit me manquer… une confiance en moi-même, une volonté ou une force morale… si je puis l’appeler ainsi.

» — Appelez-la comme vous voudrez, » dit Agnès.

» — Par exemple, » poursuivis-je, « voyez : vous venez à Londres, je m’appuie sur vous, tout de suite j’ai un but et une direction ; puis m’en voilà écarté, je ne sais plus où je vais. Je viens ici, en un moment je me sens tout autre ; les circonstances n’ont pas changé depuis que je suis entré dans cette chambre, mais une influence s’est déjà exercée sur moi… quelle est-elle ? Apprenez-moi quel est votre secret, Agnès ? »

Elle baissa la tête en regardant le feu.