Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/39

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« — C’est toujours la vieille histoire, » dis-je… Ne riez pas si je prétends que ce qui m’arrivait pour les petites choses m’arrive encore pour les grandes : mes anciens ennuis étaient des enfantillages, ceux d’à présent sont sérieux ; mais toutes les fois que je m’éloigne de ma sœur adoptive… »

Agnès leva les yeux… ah ! quels yeux célestes ! et elle me tendit sa main, que je baisai en disant :

« — Toutes les fois, Agnès, que je ne vous ai pas eue pour me conseiller et m’approuver avant d’entreprendre une chose, les ennuis et les difficultés m’ont assailli à me faire perdre la raison. Quand je suis venu à vous enfin (car j’ai toujours fini par là), j’ai senti renaître la paix de l’âme et le bonheur. Aujourd’hui encore, je me comparerais à un voyageur qui aperçoit ses foyers et y éprouve d’avance le repos de toutes ses fatigues. »

Je sentais si vivement ce que je disais, j’en étais affecté si sincèrement, que la voix expira sur mes lèvres ; je me couvris le front de mes mains et fondis en larmes. Je n’écris que ce qui est vrai. Quelques contradictions, quelques inconséquences qu’il y eût en moi, comme on en trouve dans tous les fils d’Adam,