Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/387

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je suis extrêmement nerveux quand on me malmène, et si l’on me parle sans ménagements, Monsieur, on risque de m’interloquer. Savez-vous que je fus long-temps à me remettre de la peur que me fit cette terrible dame qui vint chez votre mère la nuit de votre naissance, Monsieur Copperfield ? »

Je lui appris que j’allais le lendemain matin, de bonne heure, voir ma tante, le dragon de cette nuit, et qu’elle était une des meilleures femmes du monde, comme il en serait parfaitement convaincu s’il la connaissait mieux. La simple possibilité de la revoir encore parut le terrifier.

« — Est-ce vrai ? » s’écria-t-il. « Quoi ! réellement, Monsieur ? »

Mais, en même temps, il demanda sa bougie et monta dans sa chambre, très peu rassuré. Le bon petit docteur n’était pas précisément grisé par le vin chaud ; mais je suis persuadé que son pouls paisible avait accéléré son mouvement régulier de deux ou trois pulsations de plus par minute. Pareille chose ne lui était certes pas arrivée depuis la mémorable nuit où ma tante, désappointée, accueillit si mal la grande nouvelle de ma venue au monde.