Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/41

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lui faire part de ma situation de fortune… Tenez, il vaut mieux que je vous raconte cette scène en détail. »

Et je racontai à Agnès ce qui s’était passé pour le manuel de cuisine, la leçon des comptes de ménage, et cœtera.

« — Oh ! Trotwood, » me dit Agnès, « vous voilà bien avec toute votre précipitation habituelle. Vous aviez raison, sans doute ; mais pourquoi, sans précaution ni préparation, faire peur vous-même à une fille aimante, timide et sans expérience ? Pauvre Dora ! »

Jamais voix humaine n’exprima une si affectueuse bienveillance ; c’était comme si je l’avais vue embrasser Dora avec tendresse et admiration, pour la protéger contre ma brusquerie. C’était comme si j’avais vu Dora, avec sa naïve fascination, caresser Agnès, la remercier, et en appeler de moi à elle sans cesser de m’aimer avec son innocence enfantine.

Ah ! que je me sentis reconnaissant envers Agnès ; que je l’admirai, elle aussi, en voyant, dans une perspective enchantée, ces deux femmes devenues amies intimes et s’adorant l’une l’autre. « — Que dois-je donc faire, Agnès ? » de-