Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/420

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un jour pour notre visite et j’écrivis ce soir-là, en conséquence, à M. Creakle.

Au jour fixé, — c’était, je crois, le lendemain, mais peu importe, — Traddles et moi nous nous rendîmes à la prison où M. Creakle était tout-puissant. C’était un bâtiment solide et immense construit à grands frais. En nous approchant de la porte, je ne pus m’empêcher de dire à Traddles : « Quel tapage on aurait fait dans le pays si quelqu’un, abusé par ses rêves, avait proposé de dépenser la moitié de l’argent qu’a coûté cette prison, pour ériger une école d’industrie à l’usage des enfants ou un hospice pour les vieillards ? »

Au rez-de-chaussée de cet édifice, colossal comme la tour de Babel, étaient les bureaux de l’administration. Ce fut là qu’un des employés nous conduisit pour être présentés à notre ancien maître de pension. Il s’y trouvait au milieu d’un groupe, composé de deux ou trois magistrats comme lui et de quelques curieux qu’ils avaient amenés. Il me reçut comme un élève chéri dont il avait formé la jeune intelligence et l’objet de ses plus tendres prédilections. Lorsque je lui nommai Traddles, M. Creakle s’exprima de même à son égard, quoique avec une nuance, en répétant qu’il