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CHAPITRE XXIII.

Une visite.


Ce que j’ai voulu raconter de mes souvenirs est à peu près terminé. Il est cependant un incident qui reste gravé dans ma mémoire, un incident dont j’aime à m’entretenir quelquefois, et sans lequel un des fils dont ma vie a été tissue ne serait pas démêlé.

La renommée et la fortune avaient souri à mon ambition ; mon bonheur domestique était parfait ; mon mariage durait depuis dix ans. Un soir, Agnès et moi nous étions assis près du feu, dans notre maison à Londres, et trois de nos enfants jouaient dans le salon, quand on m’annonça un étranger qui désirait me parler.

On lui avait demandé s’il venait pour affaires ; il avait répondu non. Il ne venait que pour le plaisir de me voir et il venait de bien loin. C’était un vieillard, dit mon domestique, et il avait l’air d’un fermier.

Comme cela paraissait mystérieux aux enfants, et ressemblait d’ailleurs au début d’une des histoires favorites qu’Agnès leur racontait quelquefois, une histoire dans laquelle entrait d’abord un mauvais génie, revêtu d’un vieux manteau, qui haïssait tout le monde,