Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/475

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Au milieu de mes garçons, pendant les vacances, je vois un vieillard qui fabrique des cerfs-volants gigantesques et les suit des yeux dans les airs avec une joie inexprimable. Il me secoue la main cordialement et me dit à l’oreille avec un clignement d’œil significatif : « — Trotwood, vous serez enchanté d’apprendre que je compte finir mon Mémoire quand je n’aurai plus rien à faire… Votre tante est la femme la plus extraordinaire du monde, croyez-moi. »

Quelle est cette dame à la taille recourbée, s’appuyant sur une canne et tournant vers moi un visage sur lequel quelques traces de son ancienne beauté et de son orgueil hautain luttent vainement contre l’expression d’une raison égarée ? Elle est dans un jardin, et, près d’elle, se tient une dame plus jeune, aux traits anguleux, avec une cicatrice sur la lèvre. Écoutons ce qu’elles disent.

« — Rosa, j’ai oublié le nom de Monsieur. »

Rosa se penche à son oreille et lui dit : « C’est M. Copperfield. 

» — Je suis charmée de vous voir Monsieur ; j’observe avec peine que vous êtes en deuil. J’espère que le temps sera clément pour vous. »