Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/476

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Sa compagne impatiente la gronde, lui dit que je ne suis pas en deuil, veut qu’elle me regarde mieux et s’efforce de réveiller sa mémoire ; mais elle :

« — Vous avez vu mon fils, Monsieur, êtes-vous réconciliés ? »

Elle fixe sur moi un regard plus attentif, porte une main à son front, exhale un gémissement, et s’écrie soudain d’une voix terrible : — Rosa, rapprochez-vous de moi… il est mort ! »

Rosa s’agenouille à ses pieds, tantôt la caresse, tantôt lui reproche le passé et lui dit avec un accent farouche : « Je l’aimais plus que vous ! » puis la prend dans ses bras et l’y berce, comme un enfant qu’on veut endormir. Ainsi je les laisse, ainsi je les retrouve, ainsi elles continuent de vivre depuis dix années.

Quel est ce navire de l’Inde qui va entrer à pleines voiles dans le port ? Quelle est cette dame anglaise mariée à un vieux Crésus grondeur d’Écosse ! Est-ce bien Julia Mills ?

Oui, Julia Mills, elle-même, recherchée dans se toilette, d’humeur revêche, avec un domestique noir qui lui présente des cartes de visites ou des lettres sur un plateau d’or, et une femme de chambre, au teint cuivré, coiffée