Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/48

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après m’avoir dit de le haïr, et de l’éviter… Il le sait mieux que moi, lui, qui a toujours été à mon côté, me partant à l’oreille… Vous voyez la pierre que je me suis attachée au cou. Vous trouvez cet homme dans ma maison, vous le trouvez dans mes affaires ; il voudrait encore… vous l’avez entendu il n’y a qu’un moment. Qu’ajouterais-je ?

» — Vous n’avez nul besoin de parler tant, ni de parler du tout… » dit Uriah avec un accent conciliant qui ne cachait qu’à demi sa menace… Vous n’auriez pas pris les choses si vivement sans le vin qui vous a monté la tête. Vous y réfléchirez d’ici à demain, Monsieur. Quant à moi, si j’ai été trop loin aussi, ne me suis-je pas rétracté ?

La porte s’ouvrit… Agnès, pâle comme la mort, se glissant près de son père, lui passa un bras autour du cou et lui dit avec fermeté : « Vous n’êtes, pas bien, venez avec moi. » Il inclina sa tête sur l’épaule de sa fille, comme oppressé du poids de sa honte, et sortit avec elle. Les yeux d’Agnès ne rencontrèrent les miens qu’un seul instant ; mais, ce regard suffit pour me révéler qu’elle avait entendu une partie au moins de ce qui venait de se passer.