Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/47

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en étendant vers moi son maigre doigt indicateur, « si vous ne lui fermez pas la bouche, vous n’êtes pas son ami. Et vous, M. Wickfield, pourquoi ne seriez-vous pas au pouvoir de tout le monde ? Pourquoi ? parce que vous avez une fille. Vous et moi nous savons ce que nous savons. Ne réveillez pas le chat qui dort. Ne voyez-vous pas que je suis aussi humble que possible ? Si j’ai été trop loin, encore une fois, j’en suis fâché, que voulez-vous de plus ? 

» — Ah ! Trotwood, Trotwood ! » s’écria M. Wickfield en se tordant les mains, « que suis-je devenu depuis le premier jour où je vous vis dans cette maison ? Sur quelle pente fatale je me suis égaré ; comme tout s’est perverti en moi, tout, jusqu’à ma douleur si naturelle, tout, jusqu’à mon amour pour ma fille ! Mon lâche cœur m’a trahi… Je n’ai pas su porter mon deuil en homme, aimer ma fille en homme… Haïssez-moi, Copperfield, haïssez-moi et fuyez-moi ! »

Il se laissa tomber dans un fauteuil et sanglota. L’exaspération de son délire se calmait… Uriah s’approcha de nous.

« — Je ne sais tout ce que j’ai fait dans ma folle impuissance, » poursuivit M. Wickfield en étendant les mains comme pour m’implorer