père orgueilleux, une blessure cruelle, de voir que cette petite fille, la chair de sa chair, les os de ses os, dérogeait jusqu’à s’attacher aux pas d’une humble étrangère, lui présent. Du reste, peu lui importaient les regrets et le chagrin de sa fille, mais son fils, s’il allait souffrir de l’absence de Richard ? Cette pensée déchirante l’absorbait tout entier.
Son fils ! il pleura toute la nuit bien fort, et vraiment le pauvre enfant avait de meilleures raisons de pleurer que bien des enfants de son âge ; il venait de perdre sa seconde mère, la première même, car il n’avait pas connu sa mère véritable ; et il la perdait d’une manière aussi imprévue que l’avait frappé le malheur qui avait assombri le commencement de son existence. Du même coup aussi, sa sœur, qui pleurait amèrement dans son lit de douleur, venait de perdre une bonne et sincère amie. Mais à quoi bon ces réflexions ? n’en parlons plus, cela vaut mieux.
CHAPITRE VII.
Aperçu à vol d’oiseau de la demeure de miss Tox et de l’état
de son cœur.
Miss Tox habitait une obscure petite maison, qui s’était trouvée étranglée et perdue dans la construction d’un quartier élégant, vers l’ouest de Londres, à une époque reculée de l’histoire d’Angleterre. Depuis, elle était restée là, à l’ombre, dans un coin, comme une parente malaisée de la grande rue du beau monde, dont les opulentes maisons la regardaient froidement d’un air de protection. Elle se trouvait séparée de la rue par un espace assez grand, tenant le milieu entre une cour d’entrée et une cour d’écurie, en tout cas la plus triste des impasses, agitée seulement par les coups de marteau répétés, à distance, à la porte des heureux du jour. Ce lieu retiré, où l’herbe poussait entre les pavés, se nommait la place de la Princesse. Sur cette place de la Princesse était aussi la chapelle de la Princesse, avec sa cloche au son argentin, où quelquefois il venait jusqu’à vingt-cinq personnes le dimanche assister au service ; puis un peu plus loin, c’étaient les Ar-