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Page:Dickens - Dombey et fils, 1881, tome 1.djvu/306

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ai peur ; M. Dombey me l’a laissé entendre, quand il m’a nommé.

— Est-ce une faveur, Walter ? demanda Florence, après un moment d’hésitation et en le regardant avec inquiétude.

— La place ? répondit Walter.

— Oui. »

Walter aurait voulu pouvoir lui faire une réponse affirmative, mais son visage avait répondu avant ses lèvres, et Florence le regardait trop attentivement pour ne pas comprendre la réponse.

« Je crains bien que vous ne soyez pas tout à fait le favori de papa, dit-elle timidement.

— Il n’y avait pas non plus de raison pour que je le fusse, répondit Walter en souriant.

— Pas de raison, Walter ?

— Non, ce n’était pas une raison, reprit Walter, comprenant bien ce qu’elle voulait dire. Il y a bien des employés dans la maison. Entre M. Dombey et un jeune homme comme moi, il y a une distance immense. Si je fais mon devoir, je ne fais que ce que je dois et ne fais rien de plus que les autres. »

Florence avait-elle quelque soupçon dont elle ne se rendait pas bien compte, quelque soupçon vague qu’elle ne pouvait définir, mais qui s’était emparé de son âme depuis cette nuit, où tout récemment elle était entrée dans la chambre de son père ; le soupçon que l’intérêt de Walter pour elle, son amitié déjà ancienne, l’avaient enveloppé lui-même dans cette répugnance marquée de M. Dombey pour sa fille ? Walter avait-il lui-même cette pensée, ou devina-t-il que Florence y songeait ? Ni l’un ni l’autre n’en dit mot ; et pendant quelques instants, tous deux gardèrent le silence. Suzanne, qui marchait à côté de Walter, tournait vers eux un regard pénétrant, et il est très-certain que les pensées de miss Nipper étaient de la même nature, sans se trahir davantage.

« Peut-être, Walter, reviendrez-vous bientôt ? dit Florence.

Peut-être aussi, dit, Walter, reviendrai-je avec des cheveux blancs et vous retrouverai-je une respectable dame. Mais j’espère mieux, cependant.

— Papa oubliera… dit Florence après un moment d’hésitation… oubliera son chagrin, et peut-être… me parlera-t-il plus volontiers. Si jamais cela arrive, je lui dirai combien je