prirent part à ses jeux enfantins, et quand, après son souper, on l’eut mis dans son berceau, elles s’assirent devant le feu pour prendre leur thé. Les deux enfants, grâce aux bons soins de Polly, couchaient maintenant dans la même chambre ; mais ce fut seulement quand les deux amies se furent bien installées à leur table, que, tournant par hasard les yeux du côté des petits lits, elles songèrent à Florence.
— Comme elle dort profondément ! dit miss Tox.
— Dame, ma chère, elle prend tant d’exercice dans la journée ! Elle joue tant avec le petit Paul !
— Quelle singulière enfant ! dit miss Tox.
— Ma chère, dit Mme Chick à voix basse, c’est tout le portrait de sa mère !
— Vraiment ! chère amie, » fit miss Tox. Miss Tox avait dit ces mots avec une expression singulière de compassion, sans trop savoir pourquoi, sinon que c’était ce que l’on attendait d’elle.
« Florence ne sera jamais une Dombey, non, jamais, quand elle vivrait mille ans ! » dit Mme Chick.
Miss Tox releva les paupières, toujours avec un air de commisération profonde.
« Je songe avec tristesse, avec inquiétude à son avenir, reprit Mme Chick en poussant un soupir de modestie qui cachait mal l’idée qu’elle avait de son propre mérite. Je ne sais vraiment ce qu’elle deviendra lorsqu’elle sera grande. Quelle position aura-t-elle ? Elle ne gagne pas du tout dans l’affection de son père. Et comment le pourrait-elle, quand elle n’a rien des Dombey ? »
Miss Tox parut n’avoir rien du tout à opposer à un argument de cette force.
« Vous le voyez, dit Mme Chick, d’un air de confidence, la petite a tout à fait la nature de notre pauvre Fanny. Elle n’aura jamais d’énergie de sa vie, j’en suis sûre. Elle ne saura pas s’attacher, s’enlacer autour du cœur de son père comme…
— Comme le lierre, dit miss Tox.
— Comme le lierre, reprit Mme Chick. Non, jamais elle n’ira se nicher et se réfugier sur le sein de son père comme…
— Comme le faon effarouché, finit miss Tox.
— Comme le faon effarouché, reprit Mme Chick. Non, jamais ! Pauvre Fanny ! Comme je l’aimais pourtant !
— Voyons, ma bonne amie, dit miss Tox d’une voix caressante, ne vous désolez pas ainsi. En vérité, vous sentez trop vivement.