allant et venant pour apaiser l’enfant, elle vit, à travers les croisées, les feuilles tomber une à une et serra le petit Paul plus fortement contre son cœur.
CHAPITRE VI.
Paul fait une seconde perte.
Le lendemain matin, Polly était agitée par de tels pressentiments que, malgré les continuelles instigations de la petite bonne aux yeux noirs, elle aurait renoncé à l’escapade projetée, préférant adresser une requête dans les formes pour obtenir la permission de voir le no 147, sous le toit redoutable du terrible M. Dombey. Mais Suzanne, qui, semblable à Tony Lumpkin, supportait avec courage les désappointements des autres, sans vouloir jamais éprouver elle-même la moindre contrariété, ne partageait pas cet avis. Elle eut recours à une foule de petites raisons plus ingénieuses les unes que les autres pour décider l’irrésolution de Polly et pour faire ressortir tous les avantages de leur premier projet. Elle l’emporta ; et à peine M. Dombey eut-il tourné le dos pour se diriger de son pas majestueux vers ses bureaux de la Cité, selon sa coutume de chaque jour, que le petit Paul se trouvait, sans le savoir, sur la route de Staggs-Gardens.
Ce petit endroit, dont le nom est si doux à prononcer, était situé dans un des faubourgs de Londres, appelé par les habitants de Staggs-Gardens, cité Camberling. Sur le plan de Londres que l’on voit imprimé avec une liste de renvois très-commodes et très-agréables sur les mouchoirs de poche, ce nom se trouve abrégé, avec quelque apparence de raison, en celui de cité Cambden. C’est là que les deux bonnes, ayant avec elles chacune leur enfant, dirigèrent leurs pas. Richard portait Paul, et Suzanne tenait par la main la petite Florence qu’elle bousculait et tiraillait de temps en temps, quand elle le jugeait nécessaire.
À cette époque, une secousse violente avait bouleversé jusque dans leurs profondeurs tous les terrains du voisinage. De tous côtés se voyaient des traces de destruction ; des mai-