sauve. Hein ! mon oncle, dites, n’est-ce pas là une véritable aventure ?
— Mon cher garçon, dit Solomon, qui, ses lunettes sur le front et son énorme chronomètre dans la poche, oscillait sans cesse de Florence assise sur le sofa à Walter dans tous les coins de la chambre, mon cher garçon, c’est la plus extraordinaire…
— Non, mais, je vous en prie, dînez, mon oncle. Je vous en prie, mademoiselle Florence, dînez. Mon oncle, voyons, mon oncle !
— Oui, oui, oui, cria Solomon en coupant des tranches de gigot, bonnes pour un géant, je vais prendre soin d’elle, Walter ; je comprends. Chère petite ! Elle meurt de faim, sans doute ! Allez vous préparer. Bonté divine ! À sir Richard Whittington, trois fois maire de London ! »
Walter ne fut pas long à monter à sa petite mansarde et il en fut bientôt descendu. Mais Florence, pendant son absence, vaincue par la fatigue, s’était assoupie devant le feu. Ce moment de répit, qui dura à peine quelques minutes, permit à Solomon de se reconnaître assez pour s’occuper de l’enfant, de manière qu’elle fût aussi bien que possible. Il ferma les rideaux et la garantit de l’ardeur du feu ; si bien qu’au moment où Walter rentra, elle dormait paisiblement.
« C’est inouï ! dit-il tout bas à Solomon en le serrant si fort dans ses bras que le pauvre homme en fit la grimace. Maintenant, je me sauve. J’emporte un morceau de pain, car j’ai une faim dévorante ! Et puis… ah ! mon oncle, surtout ne l’éveillez pas !
— Non, non, dit Solomon ; charmante petite !
— Charmante, oh ! c’est vrai ! cria Walter. Je n’ai vu de ma vie une si jolie figure, oncle Sol. Allons, me voilà parti.
— Bien, bien, dit Solomon qui n’était pas fâché d’être un peu seul.
— Je voulais vous dire, mon oncle, cria Walter sur le seuil de la porte.
— Allons bon ! il est encore là, dit Solomon.
— Comment est-elle maintenant ?
— Très-bien, dit Solomon.
— C’est fameux ! Allons, je pars.
— Je l’espère bien, pensa Solomon.
— Ah ! mon oncle, dit Walter en rentrant.
— Le voilà pourtant encore ! dit Solomon.