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Page:Dickens - Dombey et fils, 1881, tome 2.djvu/136

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va à la chasse des petits enfants ; miss Tox, en présence de tous ces souvenirs d’été, éprouvait une telle émotion, qu’elle secoua la tête en se disant tout bas ; « Je vieillirai bien longtemps avant de m’en apercevoir, » comme si la chose n’était pas déjà faite.

Miss Tox étant dans sa veine de méditation, ses pensées se reportèrent sur M. Dombey ; cela tenait probablement à ce que le major était rentré dans ses appartements, situés en face de ceux de miss Tox, et qu’il venait de la saluer par la fenêtre. Quel autre motif aurait pu rattacher le nom de M. Dombey à ses jours d’été et à ses chaînes de pissenlit ? « Était-il moins triste ? pensait miss Tox. S’était-il réconcilié avec les décrets du destin ? Se remarierait-il ? Et s’il se remariait, qui épouserait-il ? »

Une vive rougeur colora le visage de miss Tox, au moment où elle faisait cette dernière réflexion : le temps était si chaud aussi ! elle tourna la tête et se surprit pensive dans la glace de la cheminée. Miss Tox devint encore toute rouge, quand elle vit une petite voiture entrer dans la place de la Princesse et s’arrêter à sa porte ; miss Tox se leva, prit ses ciseaux précipitamment, et arriva enfin à ses plantes. Elle en était très-occupée, quand Mme Chick entra dans la chambre.

« Et comment se porte ma tendre amie ? » s’écria miss Tox en ouvrant les bras.

Il y avait un peu de majesté dans le port de la tendre amie, mais enfin elle embrassa miss Tox et lui dit : « Lucrèce, merci ; je me porte bien. Et vous, j’espère que vous allez bien aussi. Hum ! »

Ce Hum indiquait que Mme Chick était en proie à une petite toux monosyllabique, une sorte de toux au début, un début, un prélude de toux.

« Vous venez de bien bonne heure, ma chère ; comme c’est aimable de votre part ! Avez-vous déjeuné ?

— Oui, Lucrèce, dit Mme Chick ; j’ai déjeuné de bonne heure avec mon frère qui est venu à la maison. » Il paraît que la bonne dame était très-curieuse de voir la place de la Princesse, car elle promenait ses regards autour de la place, tout en parlant.

« Il va mieux maintenant ? dit miss Tox en balbutiant.

— Il va beaucoup mieux, merci. Hum !

— Ma chère Louisa, il faut soigner ce rhume-là.

— Oh ! ce n’est rien, reprit Mme Chick. C’est le changement de temps. Il faut nous attendre aux changements…