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pour la magnificence de M. Dombey un dévouement sincère, pendant ce temps-là, dis-je, la pauvre femme excommuniée arrosait ses plantes de ses larmes et sentait que l’hiver était venu pour la place de la Princesse.



CHAPITRE IX.

Avant le mariage.


La triste maison n’était plus ensorcelée depuis que les ouvriers y étaient entrés. Du haut en bas et du matin au soir, on n’entendait que le bruit des marteaux qui frappaient et le piétinement des allants et venants ; aussi Diogène était dans un état de fureur continuel depuis le lever jusqu’au coucher du soleil ; le voilà bien convaincu, maintenant, le pauvre animal, que son ennemi a le dessus, et que, dans l’ivresse de sa victoire, il vient le braver chez lui et mettre tout au pillage. Mais, du reste, il ne paraît pas qu’il se soit opéré un grand changement dans l’existence de Florence. Le soir, une fois les ouvriers partis, la maison reprend son aspect lugubre et abandonné, et la jeune fille, en écoutant la voix de ces braves gens, que l’écho répète sous les voûtes et dans les escaliers, se figure la joie des familles à leur retour. Il lui semble voir les petits enfants qui les attendent, et c’est un bonheur pour elle aussi de penser qu’ils sont gais et contents de revoir leurs parents.

Elle accueillait toujours le silence du soir comme un vieil ami, mais ce silence avait changé d’aspect ; il jetait maintenant sur Florence un regard moins sévère ; il apportait avec lui quelque nouvelle espérance. Les douces paroles et les caresses de la belle dame, dans la chambre même où son cœur avait reçu une si rude atteinte, lui semblaient une promesse du sort pour l’avenir. Le doux reflet d’une brillante aurore, qui allait se lever pour elle, annonçait une autre existence ; elle espérait conquérir l’affection de son père et se voir rendre complètement, ou peu s’en faut, tout ce qu’elle avait perdu dans ce jour affreux où l’amour d’une mère s’était éteint avec son dernier soupir. Des ombres bienveillantes s’agitaient autour