Page:Dickens - Dombey et fils, 1881, tome 2.djvu/166

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résonner la porte de l’église qui s’ouvre et se ferme à chaque instant. C’est que le bedeau, ce haut et puissant fonctionnaire, arrive de bonne heure ce matin avec le sacristain. Mme Miff, la petite loueuse de chaises, dont le nez siffle toujours, se trouve également à son poste : c’est aussi une puissance que Mme Miff : cette petite vieille sèche, si pincée dans ses vêtements, qu’il n’y a pas un pouce d’étoffe de perdu, attendait le bedeau (c’est dans l’ordre), depuis une demi-heure, à la porte le l’église.

Mme Miff avait une figure rechignée, un chapeau qui en avait vu de dures, et une soif insatiable de pièces de dix sous, nais encore plus de pièces de vingt sous. L’habitude de faire des signes aux gens égarés dans l’église, pour les inviter à entrer dans les bans de la nef, a donné à Mme Miff un air mystérieux. Il y a même dans son œil comme une arrière-pensée d’ouvreuse prudente qui connaît bien quelque part une meilleure place, mais qui la garde pour un fidèle plus généreux. Quant à M. Miff, voilà plus de vingt ans qu’il n’en est plus question, et Mme Miff aime mieux qu’on ne lui en parle pas. Il paraîtrait que c’était un homme qui se permettait d’avoir des idées socialistes sur la gratuité des chaises dans l’église ; aussi Mme Miff n’oserait pas positivement garantir qu’il soit en paradis : elle ne fait que l’espérer, par esprit de charité.

Pendant cette matinée-là, Mme Miff est occupée à la porte de l’église à battre et à épousseter la nappe d’autel, le tapis et les coussins ; et Mme Miff en a bien long à raconter sur le mariage qu’on va célébrer. On a dit à la brave femme que les nouveaux meubles et les changements faits à la maison Dombey coûtaient cent vingt-cinq mille francs, et elle tient de bonne main que la dame n’a pas un sou vaillant. Mme Miff se souvient également, comme si c’était hier, des funérailles de la première femme, du baptême et des funérailles de l’enfant, elle ajoute, par parenthèse, qu’elle va bien laver, bien savonner la pierre funéraire avant l’arrivée de la société.

M. Sownds, le bedeau, est assis au soleil sur les marches de l’église pendant tout ce temps-là : il fait rarement autre chose à moins qu’il ne gèle, parce qu’alors il aime mieux rester assis au coin du feu. Il donne son approbation aux commérages de Mme Miff et lui demande si elle a entendu dire que la dame était d’une merveilleuse beauté. Les rensei-