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CHAPITRE X.

Le mariage.


L’aube au teint pâle et fade, se glisse furtivement et toute frissonnante du côté de l’église où repose la poussière du petit Paul, près de celle de sa mère, et regarde dans l’intérieur, à travers les vitraux. Il fait froid et sombre dans l’église. La nuit rampe sur les dalles et s’étend noire et pesante dans les angles et dans les coins de l’édifice. Le clocher s’élève au-dessus des maisons ; il sort d’un dôme où l’horloge marque régulièrement les innombrables ondulations du temps qui roule et va se briser sur l’éternel rivage : on le voit à travers la brume, semblable à un phare, qui indique au navigateur jusqu’où monte le flot ; mais dans l’intérieur, l’aurore pénètre lentement, la nuit résiste encore.

Voltigeant doucement autour de l’église, l’aube jette un regard triste au dedans, elle est tout en pleurs et se lamente de la courte durée de son règne. Ses larmes coulent goutte à goutte sur les vitraux ; les arbres qui bordent les murs de l’église, semblant se conformer à ses tristes pensées, penchent languissamment leurs têtes et agitent leurs mille bras. La nuit, pâlissant en sa présence, disparaît insensiblement. Mais elle erre encore au milieu des voûtes souterraines et s’assied sur les cercueils. Bientôt les feux naissants du jour qui éclairent le clocher et rougissent la flèche, sèchent les larmes de l’aurore et étouffent ses plaintes. Alors, tout effarée, elle s’attache aux traces de la nuit, la chasse de son dernier refuge, recule elle-même dans les souterrains et va se cacher épouvantée parmi les morts, jusqu’à ce que la nuit, encore fraîche du repos qu’elle va prendre, revienne l’en chasser à son tour.

Les souris, plus occupées à ronger les livres de prières que le curé à les lire, et à déchirer de leurs petites dents pointues les coussins des prie-Dieu usés par leurs morsures bien plus que par les genoux des fidèles, cachent leurs yeux brillants dans leurs trous, et tout effrayées se blottissent en entendant