Page:Dickens - Dombey et fils, 1881, tome 2.djvu/221

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et joignant ses mains au-dessus de sa tête. Où est mon Alice ? Où est ma belle Alice ? Ils me l’ont tuée !

— Non ! ils ne l’ont pas encore tuée, si votre nom est Marwood, dit l’étrangère.

— Auriez-vous vu ma fille ? s’écria la vieille ; m’a-t-elle écrit ?

— Elle a dit que vous ne saviez pas lire, reprit l’autre.

— Non, c’est vrai ! cria la vieille en se tordant les mains.

— N’avez-vous pas de lumière ici ? » dit l’inconnue en promenant ses regards tout autour de la chambre.

La vieille femme marmotta quelques paroles sur sa belle Alice, et tout en mâchonnant et branlant la tête, elle tira d’une armoire une chandelle, l’approcha du feu d’une main tremblante et, après l’avoir allumée avec peine, elle la posa sur la table. La mèche dégoûtante brûla faiblement d’abord, noyée dans son suif, et quand les yeux rouges de la vieille et sa vue affaiblie purent distinguer quelque chose, elle aperçut l’étrangère assise, les bras croisés, les yeux tournés vers elle et le mouchoir qui avait entouré sa tête placé sur la table.

« Ma fille Alice m’a envoyé de ses nouvelles verbalement, alors, marmotta la vieille après avoir attendu quelques instants. Qu’est-ce qu’elle a dit ?

— Regardez ! » répondit l’étrangère.

La vieille répéta ce mot d’un air de doute et d’effroi, mit sa main devant ses yeux pour mieux voir l’étrangère, puis promena ses yeux tout autour de la chambre pour les arrêter de nouveau sur elle.

« Alice a dit : Regardez encore, mère ! » reprit l’étrangère, fixant ses yeux sur elle.

La vieille regarda encore tout autour de la chambre, revint à l’étrangère, et chercha de nouveau autour d’elle. Puis, se levant tout d’un coup elle saisit la chandelle, la plaça devant le visage de l’inconnue, poussa un grand cri, et jetant la lumière elle tomba dans ses bras.

« C’est ma fille ! c’est mon Alice ! c’est ma jolie fille ! Elle vit ! elle est revenue ! cria la vieille en se balançant sur la poitrine qui répondait froidement à ses embrassements. C’est ma fille ! c’est mon Alice ! c’est ma jolie fille ! elle vit ! elle est revenue ! cria-t-elle de nouveau, et elle se prosternait devant elle, serrait ses genoux, y reposait sa tête, se balançant encore avec toute l’énergie frénétique que permettaient ses forces affaiblies.