Page:Dickens - Dombey et fils, 1881, tome 2.djvu/235

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rement chaque trimestre, sans compter qu’elle sera mieux logée et mieux nourrie.

Où donc est-il cet heureux couple qui tient toute cette belle maison dans l’attente ? Est-ce que par hasard la vapeur, le vent, la marée, les chevaux, la nature tout entière s’arrêtent à contempler un si grand bonheur ? Sont-ils entravés dans leur marche triomphale par un essaim d’Amours et de Grâces qui viennent folâtrer autour de leurs têtes ? L’heureux sentier qu’ils suivent est-il tellement jonché de fleurs qu’ils ne puissent avancer qu’entourés de toutes parts de roses sans épines et d’églantiers odorants ?

Enfin les voilà ! On entend un bruit de roues, le bruit devient plus distinct, une voiture s’arrête à la porte. L’odieux étranger a frappé un coup de tonnerre avant que M. Towlinson et la société, qui se précipitent, aient eu le temps d’ouvrir la porte. M. Dombey et la mariée descendent, M. Dombey donne le bras à sa femme.

« Ah ! ma tendre Edith, et vous, mon cher Dombey, » s’écrie une voix émue sur l’escalier ; puis les manches courtes s’enlacent autour de l’heureux couple et embrassent les époux l’un après l’autre.

Florence aussi est descendue jusqu’au vestibule, mais elle n’ose pas avancer ; elle attend avec timidité que les transports d’une personne plus chère se soient calmés. Cependant les yeux d’Edith la cherchent ; Edith, laissant un léger baiser sur la joue de sa tendre mère, s’élance du côté de Florence et l’embrasse.

« Comment vous portez-vous, Florence ? » dit M. Dombey en lui tendant la main.

Florence, toute tremblante, porte cette main à ses lèvres, et, au même moment, rencontre son regard. Dans ce regard, il y avait une froideur qui la tenait à distance, et cependant elle crut y voir plus d’intérêt qu’il ne lui en avait jamais montré. À sa vue, M. Dombey témoigna une légère surprise, mais ce n’était pas une surprise désagréable. Elle n’osa plus lever les yeux, mais elle sentait qu’il la regardait encore d’une manière qui ne lui était pas défavorable. En ce moment un frémissement de plaisir traversa tout son être à l’idée, bien vague encore pourtant, que sa maman, cette maman si belle, pourrait l’aider à conquérir l’affection de son père !

« Vous ne serez pas longtemps à vous habiller, je présume, madame Dombey ?