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priait humblement de s’asseoir sur une chaise, à côté de son lit, et elle la regardait d’un air rêveur, avec un visage dont les traits, malgré le reflet des rideaux roses, n’en étaient pas moins toujours un épouvantail de laideur.

Les rideaux roses avaient bien pu, avec le temps, aider à la convalescence de Cléopatre ; ils avaient bien pu déteindre sur ses vêtements, qu’elle portait plus jeunes que jamais, pour réparer les ravages de la maladie, sur son rouge, sur ses dents, sur ses papillottes, sur ses diamants, sur ses manches courtes, enfin sur toute la layette de la poupée, qui s’était cassée un jour devant la glace. De temps en temps, ils avaient bien pu déteindre sur ses paroles mal articulées, qu’elle dissimulait sous un rire enfantin, et aussi sur sa mémoire qui la trahissait d’une façon très-irrégulière, allant, venant, au gré de ses caprices, comme pour narguer sa capricieuse maîtresse. Mais les rideaux roses ne purent changer la teinte de ses pensées ni de ses discours, à l’égard de sa fille ; et bien qu’Edith eût souvent l’occasion d’éprouver leur influence, les rideaux roses ne purent se refléter sur son froid visage, ni l’animer d’une teinte gracieuse, ni illuminer d’un rayon d’amour filial l’expression sévère de sa triste beauté.



CHAPITRE XVII.

Miss Tox tire partie d’une vieille connaissance.


La désolée miss Tox était donc abandonnée par son amie Louisa Chick, et privée de la vue de M. Dombey. On ne voyait pas, unies par un fil d’argent, les deux cartes de noces du nouveau couple figurer sur la glace de sa cheminée, sur sa harpe mélodieuse, ni sur les étagères destinées à mettre en relief toutes ses jolies choses : non elle était pour cela trop abattue, trop triste et trop mélancolique.

On n’entendit plus, pendant quelque temps, sur la place de la Princesse la jolie valse des Oiseaux ; les fleurs furent négligées, et la poussière s’amassa sur le portrait en miniature de l’ancêtre de miss Tox, avec sa tête poudrée et sa queue enfarinée.