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Page:Dickens - Dombey et fils, 1881, tome 2.djvu/274

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Elle se rappelait seulement, pour parler comme elle, qu’elle avait passé dans cette maison bien des moments heureux, dont elle se souviendrait toujours avec reconnaissance ; elle ne cesserait jamais, disait-elle de regarder M. Dombey comme un des hommes les plus saisissants, les plus imposants qu’elle eût jamais vus.

Brouillée avec l’implacable Louisa, et se tenant à distance du major, dont elle se méfiait un peu maintenant, miss Tox trouvait fort ennuyeux de ne rien savoir de ce qui se passait dans la maison de M. Dombey. Habituée comme elle l’était en réalité, à regarder Dombey-et-fils comme le pivot sur lequel tournait le monde en général, elle résolut, plutôt que de rester ignorante de faits aussi intéressants pour elle, de renouer son ancienne connaissance avec Mme Richard. Elle savait que, le jour mémorable où elle avait été renvoyée par M. Dombey, Richard était restée en communication avec les domestiques de la maison. Peut-être miss Tox, en allant visiter la famille Toodle cachait-elle au fond de son cœur un tendre motif ; le désir, par exemple de trouver quelqu’un avec qui parler de M. Dombey. L’humble situation de la personne n’y faisait rien du tout.

Miss Tox dirigea donc un soir ses pas vers la demeure de M. Toodle. M. Toodle, tout noir de cendre et de fumée, prenait son thé, au sein de sa famille. Dans la vie de M. Toodle, il n’y avait que trois phases. Il prenait le thé audit sein de sa famille, ou bien courait les champs, sur la locomotive, avec une vitesse de dix à quinze lieues à l’heure, ou enfin il dormait après son travail. Quand il n’était pas entraîné par un tourbillon, il était dans un calme plat : Il n’y avait pas de milieu. Mais, dans quelque phase qu’on le trouvât, M. Toodle était toujours le plus paisible et le plus satisfait des hommes. On eût dit qu’il était né avec la spécialité de fourgonner, d’activer les machines de sa connaissance, de les faire courir toujours haletant, soufflant, grondant, se démenant de la façon la plus désespérée, tandis que lui, Toodle, menait une vie calme et uniforme.

« Polly, ma fille, dit M. Toodle ; il avait un petit Toodle sur chaque genou ; deux autres lui préparaient son thé, et une quantité d’autres étaient éparpillés dans la chambre : car M. Toodle n’était jamais à court d’enfants ; il en avait toujours sous la main une bonne provision de rechange.

« Y a-t-il longtemps que vous n’avez vu notre Biler, hein ?