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Page:Dickens - Dombey et fils, 1881, tome 2.djvu/76

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ties, le capitaine résolut d’aller examiner les lieux et de garder le rémouleur avec lui. Considérant donc le jeune homme comme en état d’arrestation dès à présent, le capitaine se demanda s’il ne serait pas bon de lui mettre les menottes, ou de lui garrotter les pieds, ou de lui attacher un boulet aux jambes. Cependant, comme il n’était pas très-rassuré sur la légalité de ces mesures, il décida qu’il se contenterait de le tenir par le collet tout le long du chemin, quitte à le terrasser, s’il avait le malheur d’opposer la moindre résistance.

Mais l’inculpé n’en fit aucune et par conséquent il put se rendre à la maison de l’opticien, sans qu’il fût nécessaire d’employer à son égard d’autres moyens coercitifs. Comme les ais n’étaient pas encore enlevés, le premier soin du capitaine fut de faire ouvrir la boutique, et, quand la lumière du jour eut pénétré dans les pièces, il s’en aida pour procéder à de minutieuses perquisitions.

D’abord, le capitaine s’assit au milieu de la boutique sur une chaise, en sa qualité de président du tribunal solennel qui se résumait tout entier en sa personne ; puis, il requit Robin de se coucher dans son lit sous le comptoir, de montrer exactement l’endroit où, à son réveil, il avait aperçu les clefs et le paquet ; dans quel état il avait trouvé la porte ; quand il était venu pour l’ouvrir ; comment il était parti pour Brig-Place. Mais ici il l’arrêta sur le seuil de la porte, au beau milieu de sa démonstration, craignant qu’il ne prit la fuite sous prétexte de montrer comment il avait fait. Après plusieurs répétitions de la manière dont tout s’était passé, depuis le commencement jusqu’à la fin, le capitaine secoua la tête et parut trouver que l’affaire était louche.

Ensuite, avec l’idée vague de trouver un décès au bout de son enquête, il se mit à faire des recherches dans toute la maison, descendit à tâtons dans les caves, une chandelle à la main, allongeant son croc sous les portes, se cogna violemment contre les solives et se couvrit de toiles d’araignée. Étant montés dans la chambre du vieux Solomon, ils reconnurent qu’il n’avait pas couché dans son lit la nuit précédente, mais qu’il s’était seulement jeté sur son couvre-pied, qui portait encore la trace du poids de son corps.

« Moi, je crois, capitaine, dit Robin en promenant ses regards autour de la chambre, que, lorsque ces jours derniers M. Gills entrait et sortait si souvent, c’est qu’il emportait des effets petit à petit, pour ne pas attirer l’attention.