raisons que j’ai pour l’aimer, faites-le par amour pour lui. Adieu ! Adieu ! »
Ils ont pensé qu’il valait mieux ne pas retourner chez le petit Aspirant de marine et se séparer à l’église. Une voiture les attend près de là.
Miss Nipper ne peut plus parler, elle sanglote, étouffe et serre dans ses bras sa maîtresse. M. Toots s’avance, l’engage à se calmer et se charge de la consoler. Florence tend la main à M. Toots, et, dans l’excès de son bonheur, présente son front à ses lèvres ; elle embrasse l’oncle Sol, le capitaine Cuttle, et est entraînée par son jeune époux.
Mais Suzanne ne peut supporter que Florence s’en aille en emportant d’elle un souvenir de tristesse. Elle s’était promis d’être si différente de ce qu’elle a été, qu’elle se le reproche amèrement. Dans l’intention de faire un dernier effort pour racheter sa faiblesse, elle quitte M. Toots et s’élance à la recherche de la voiture pour montrer à Florence une figure souriante. Le capitaine devinant son projet, la suit, car il croit aussi de son devoir de prendre un air gai, s’il est possible, pour leur dire adieu. L’oncle Sol et M. Toots restent en arrière tous les deux en dehors de l’église pour attendre les autres.
La voiture est partie, mais la rue est roide, étroite et encombrée. Suzanne aperçoit le fiacre (elle n’en peut douter) arrêté à quelque distance. Le capitaine Cuttle la suit dans sa fuite jusqu’en bas de la côte et agite son chapeau de toile cirée à tout hasard, sans savoir si ce signal un peu général arrivera à cette voiture-là ou à une autre.
Suzanne devance le capitaine et arrive au haut de la montée en même temps que la voiture. Elle regarde par la portière et voit Walter près de sa douce amie. Elle frappe des mains et s’écrie :
« Miss Florence ! ma chérie ! regardez-moi ! Nous sommes tous si contents maintenant, ma chérie ! Encore un dernier adieu, mon bijou, encore un ! »
Suzanne ne sait pas elle-même comment cela se fait, mais elle se trouve déjà à la portière, elle embrasse sa maîtresse et lui passe ses bras autour du cou.
« Nous voilà si… si heureux, maintenant, ma chère demoiselle Florence, dit Suzanne en poussant un soupir qui pouvait faire douter de son bonheur. Vous ne m’en voulez pas, maintenant, n’est-ce pas ?
— Vous en vouloir, Suzanne ?