fêter de nombreux anniversaires de l’heureuse circonstance qui nous rassemble aujourd’hui. »
Ce discours terminé, l’aimable Chérubin embrasse sa fille, et se précipite vers le vapeur qui doit le ramener à Londres. Mais John et Bella n’entendent pas le laisser partir ainsi ; et les voilà tous deux sur le quai.
« Cher Pa ! crie la jolie femme en l’appelant avec son ombrelle.
— Qu’est-ce que c’est, mignonne ? »
Elle se penche gracieusement pour lui parler tout bas :
« Vous ai-je battu bien fort avec cet affreux petit chapeau ?
— Pas pour dire, mon enfant.
— Mais je vous pinçais les jambes !
— Rien qu’un peu, ma mignonne.
— Vous êtes sûr de m’avoir pardonné, bien sûr, n’est-ce pas ? »
Elle rit tout en pleurant, et met tant de charme et de naturel dans ses paroles, que le Chérubin, faisant la même figure que lorsqu’elle était enfant, lui dit : petite souris niaise ! du ton dont il la consolait de ses gros chagrins de bébé.
« Mais vous pardonnez tout ? les coups de chapeau et le reste ?
— Oui, mon ange.
— Et vous n’êtes pas triste de vous en aller tout seul ? Vous n’avez pas peur que je vous oublie, n’est-ce pas ?
— Non, chère enfant, sur mon âme ; et que le ciel te bénisse.
— Adieu, cher Pa.
— Au revoir, mon ange ; emmenez-la, John ; conduisez-la chez vous. »
Le soleil se couche, et colore tout en rose le sentier qui les ramène chez eux. Oh ! il y a de ces jours sur terre qui valent et qu’on vive et qu’on meure. Oh ! le bel et bon refrain que celui de cette vieille chanson :
C’est l’amour, l’amour, l’amour,
Qui fait le monde à la ronde.
V
À PROPOS DE LA FEMME DU MENDIANT
L’air sombre avec lequel missis Wilfer accueillit son mari, lorsqu’il revint de Greenwich, produisit sur les jambes du Chérubin