Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/100

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

regardant l’écrin et ne sachant ce qu’il pouvait contenir. Lorsqu’elle l’eut ouvert et qu’elle vit la simplicité de cette offrande, elle devina sans peine l’intention du jeune homme, et se tournant vers lui toute radieuse, son regard lui disait : « Pourquoi vous cacherais-je que vous avez su me plaire et me flatter ? »

Vendale ne l’avait jamais trouvée si charmante qu’en ce moment dans son costume d’hiver : une jupe en soie de couleur sombre, un corsage de velours noir montant jusqu’au cou et garni d’un duvet de cygne. Jamais il n’avait admiré si fort le contraste de ses cheveux noirs et de son teint éblouissant. Ce ne fut que lorsqu’elle le quitta pour s’approcher d’un miroir et substituer sa broche de filigrane à celle qu’elle portait auparavant, que Vendale s’aperçut de la présence des autres personnes assises dans la chambre. Les mains d’Obenreizer prirent alors possession de ses coudes, et son hôte le remercia de l’attention qu’il avait eue pour Marguerite.

— Un présent d’une si grande simplicité témoigne chez celui qui l’a fait d’un tact bien délicat ! — dit-il d’un air presque imperceptible de raillerie.

Vendale, en ce moment, s’aperçut qu’il y avait un autre invité que lui-même à ce repas de famille.

Un seul invité. Obenreizer le lui présenta comme un compatriote et un ami. La figure de ce compatriote était insignifiante et morne ; le corps de cet ami était gros ; son âge : c’était l’automne de la vie. Dans le courant de la soirée il eut occasion de développer deux talents ou deux capacités peu ordinaires. Personne ne savait mieux être muet, personne ne vidait plus les-