Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/102

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Et quand tous les autres sujets furent épuisés, il revint à cette source inépuisable, faisant toujours courir ce petit ruisseau avec la main.

— Examinez cette nation Anglaise. Quels hommes grands, et robustes, et propres ! Considérez les villes. Quelle magnificence dans les édifices ! Quel ordre et quelle régularité dans les rues ! Admirez leurs lois qui combinent l’éternel principe de la justice avec cet autre éternel principe du respect et de l’amour des livres, des shillings, et des pence ? Est-ce qu’en Angleterre, on n’applique point ce produit monnayé à toutes les injures civiles, depuis l’injure faite à l’honneur d’un homme jusqu’à l’injure faite à son nez ? Vous avez séduit ma fille, allons ! des pence, des shillings, et des livres ! Vous m’avez renversé et donné des horions sur la face ! des livres, des pence, et des shillings. Après cela, je vous le demande, où la prospérité matérielle d’un tel pays pourrait-elle s’arrêter ?

Obenreizer plongeant du regard dans l’avenir, chercha vainement à entrevoir la fin de cette prospérité sans bornes ! Son enthousiasme demanda la permission, suivant la mode Anglaise, de s’exhaler dans un toast.

— Voilà notre modeste dîner terminé ! — s’écria-t-il. — Voilà notre frugal dessert sur la table ! Voici l’admirateur de l’Angleterre qui se conforme aux habitudes Anglaises, et qui fait un speech. Un toast à ces blanches falaises d’Albion, Monsieur Vendale ? Un toast à vos vertus patriotiques, à votre heureux climat, à vos charmantes femmes, à vos foyers, à votre Habeas