Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/109

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regarda. Des larmes s’échappaient de ses beaux yeux célestes et roulaient doucement sur ses joues polies.

— Oh ! Monsieur Vendale, — dit-elle tristement, — il eût été bien mieux de garder votre secret. Avez-vous oublié la distance qui est entre nous ? Ce que vous dites ne peut jamais… jamais être….

— Il ne peut y avoir de distance entre nous, que celle que vous creuserez vous-même, Marguerite, en ne m’aimant point lorsque je vous aime. Il n’y a pas de plus haut rang que le vôtre dans le royaume de la bonté et de la beauté. Dites-moi, Marguerite, dites-moi tout bas ce seul petit mot que je vous demande et qui m’apprendra si vous voulez être ma femme.

Elle soupira.

— Pensez à votre famille, — murmura-t-elle, — et pensez à la mienne !

Vendale l’attira de plus près sur son cœur.

— Si vous vous laissez arrêter par un obstacle comme celui-là, — dit-il, — savez-vous ce que je croirai, Marguerite ?… C’est que je vous ai offensée.

Marguerite tressaillit.

— Oh ! ne croyez pas cela ! — s’écria-t-elle.

Ces mots n’étaient pas encore sortis de ses lèvres qu’elle comprit le sens que Vendale ne pouvait manquer de leur donner. Son aveu lui avait échappé malgré elle ; une rougeur charmante couvrit son visage ; elle fit un effort pour se dégager de l’embrassement du jeune homme ; elle le regardait d’un air suppliant ; elle essaya de parler, mais sa voix expira sur ses