Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/124

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Marguerite, désormais, était intéressée dans la maison. Tout le mouvement qu’y avait produit la mort de Wilding, — son associé ayant alors dû procéder à une estimation exacte de la valeur de l’association, — la balance des registres, le compte des dettes, l’inventaire de l’année, tout cela se transformait à présent aux yeux de Vendale en une sorte de machine, une roulette indiquant les chances favorables ou défavorables à son mariage. Après avoir examiné les résultats que lui présentait son teneur de livres et vérifié les additions et les soustractions faites par ses commis, Vendale tourna son attention vers le département du prochain inventaire, et il envoya aux caves un messager qui demandait un rapport.

Joey Laddle apparut bientôt. Il passa la tête par la porte entre-bâillée du cabinet ; cet empressement donnait à penser que cette matinée avait dû voir quelque événement extraordinaire. Il y avait un commencement de vivacité dans les mouvements du garçon de cave ; et quelque chose même, qui ressemblait à de la gaieté, se lisait sur son visage.

— Qu’y a-t-il ? — demanda Vendale surpris, — quelque mauvaise nouvelle ?

— Je désirerais vous faire observer, mon jeune Monsieur Vendale, que je ne me suis jamais érigé en prophète….

— Qui prétend cela ? — fit Vendale.

— Aucun prophète, si j’ai bien compris ce que j’ai entendu dire de cette profession, n’a jamais vécu sous terre, — continua Joey. — Aucun prophète n’a jamais pris le vin du matin au soir par les pores,