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— Rien du tout.

— Pas de pistolets ? — demanda Obenreizer en jetant un regard sur la table, et de là vers le lit, sur l’oreiller.

— Pas de pistolets.

— Vous autres Anglais, vous êtes si confiants !… Désirez-vous dormir ?

— Je l’aurais bien désiré, et depuis longtemps, mais je n’ai pu.

— Je ne le pourrais, non plus, après ce maudit rêve. Mon feu s’est consumé comme votre bougie. Puis-je venir m’installer auprès du vôtre ? Deux heures ! Il sera si vite quatre heures que ce n’est pas la peine de se mettre au lit.

— Pour moi, — dit Vendale, — je ne me coucherai pas. Faites-moi compagnie et soyez le bienvenu.

Après être retourné dans sa chambre pour s’y vêtir, Obenreizer reparut enveloppé dans une sorte de caban, et chaussé de pantoufles. Les deux jeunes gens prirent place, de chaque côté du foyer. Vendale avait ravivé le feu. Obenreizer mit sur sa table une bouteille et un verre.

— J’ai bien peur que ce ne soit d’abominable eau-de-vie de cabaret, — dit-il en versant dans le verre ; — je l’ai achetée sur la route, et certes, elle n’a rien de commun avec le cognac du Carrefour des Éclopés. Mais votre provision est épuisée. Tant pis ! Une froide nuit, un pays froid, une froide maison ! L’eau-de-vie fait du bien et ranime. Enfin, celle-ci vaut peut-être mieux que rien. Goûtez-la.

Vendale prit le verre et obéit.