Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/176

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nous avons été forcés d’attendre que la tourmente soit apaisée.

— Chers guides ! — dit la jeune fille, — je vous accompagnerai. Pour l’amour de Dieu, laissez-moi vous suivre. L’un de ces deux hommes est mon mari, je l’aime tendrement !… oh ! oui tendrement… Vous le voyez ! je ne suis point abattue, je ne suis pas lasse. Oh ! je suis née paysanne et je vous montrerai que je sais m’attacher à vos cordes. Je vous fais le serment d’avoir du courage. Laissez-moi vous suivre. Si quelque malheur est arrivé à celui que je cherche, mon amour le découvrira. C’est à genoux que je vous en prie, chers amis des voyageurs. Pour l’amour que vos chères mères portaient à ceux dont vous êtes les fils, je vous supplie.

Ces bons et simples compagnons se sentirent émus.

— Après tout, — se dirent-ils à voix basse, — elle ne ment point, elle connaît les chemins de la montagne, puisqu’elle est si miraculeusement arrivée jusqu’ici… Mais, — ajoutèrent-ils, en lui montrant son compagnon, — quant à ce monsieur-là, Mademoiselle….

— Cher Joey, — dit Marguerite en Anglais, — vous resterez dans cette maison, et vous nous attendrez.

— Si je savais lequel de vous deux a ouvert cet avis — dit Joey en regardant les deux guides de travers, — je vous battrais bien pour six pence et je vous donnerais encore une demi-couronne pour payer le médecin. Non, Mademoiselle, je m’attacherai à vos pas, aussi longtemps que j’aurai la force de vous suivre, et je mourrai pour vous si je ne peux pas faire mieux…