Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/179

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— Pas d’autres, — répondit le guide ; — mais à l’Hospice…

— S’il est encore vivant ?… Oh ! je vous ai dit que c’était mon fiancé !… Il serait mort avant votre retour… Chers guides, amis bénis des voyageurs, regardez-moi ! Voyez mes mains ; si elles tremblent, retenez-moi par la force… si elles sont fermes, aidez-moi à sauver celui qui est là.

Elle noua l’une des cordes autour de sa taille et de ses bras, et s’en fit une sorte de ceinture assujettie par des nœuds. Elle souda le bout de cette première corde à la seconde, plaça les nœuds sous son pied et tira ; puis elle présenta son ouvrage aux guides, pour qu’ils pussent tirer à leur tour.

— Elle est inspirée ? — se disaient-ils l’un à l’autre.

— Par le Dieu tout-puissant, ayez pitié du blessé ! — s’écria-t-elle, — vous savez que je suis bien plus légère que vous. Donnez-moi l’eau-de-vie et le vin, et faites-moi descendre vers lui. Quand je serai descendue, vous irez chercher du secours et une corde plus forte. Lorsque vous me la jetterez d’en haut… voyez celle que j’ai attachée autour de moi… vous êtes sûrs que je pourrai la lier solidement à son corps. Vivant ou mort, je le ramènerai ou je mourrai avec lui. Je l’aime… Que puis-je vous dire après cela ?

Les deux hommes se retournèrent vers le compagnon de cette fille étrange. Joey s’était évanoui dans la neige.

— Descendez-moi vers lui, — s’écria Marguerite, en prenant deux petits bidons qu’elle avait apportés et en les assujettissant autour d’elle, — ou j’irai seule,