Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/181

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— Courage ! — criait-il. — On vient… Comment êtes-vous ?… Comment est-il ?

— Son cœur bat toujours contre le mien… Je le réchauffe dans mes bras… je n’ai pas peur…

La lune descendit derrière les hautes cimes, et le désert et l’abîme ne furent plus que ténèbres, et le guide jeta encore son cri d’espérance au fond du gouffre.

— Comment êtes-vous ?… comment est-il ?… On vient…

Et le même cri passionné monta des profondeurs du glacier où Marguerite était ensevelie avec son époux.

— Son cœur bat toujours contre le mien.

Enfin les aboiements des chiens, une lueur lointaine répandue sur la neige annoncèrent que les secours arrivaient. Vingt hommes, des lanternes, des torches, une litière, des cordes, des draps, du bois pour faire un grand feu, tout cela venait à la fois. Les chiens couraient aux hommes, s’élançaient vers le gouffre, puis revenaient priant, dans leur langage muet, qu’on fît diligence. Le cri sauveur descendit encore.

— Dieu merci tout est prêt !… Comment vous trouvez-vous ?… Est-il mort ?…

Le cri désespéré répondit.

— Nous enfonçons dans la glace et nous avons un froid mortel. Son cœur ne bat plus contre le mien. Ne laissez descendre personne, car le poids de nos deux corps est assez lourd. Faites seulement glisser la corde.