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les ruines de celle que j’avais autrefois et qu’on m’a ravie !…

— Comme il vous plaira, — dit Maître Voigt. — Vous parlez bien, mon fils. Vous ferez quelque jour un bon avocat.

— Les détails de ma triste affaire ne sont pas bien nombreux, — poursuivit Obenreizer, — mes chagrins ont commencé après la mort par accident de mon dernier compagnon de voyage, mon pauvre et cher ami Monsieur Vendale.

— Monsieur Vendale, — répéta le notaire. — C’est bien cela. J’ai souvent entendu ce nom depuis deux mois. C’est cet infortuné Anglais qui a été tué dans le Simplon, alors que vous-même vous avez été blessé, ainsi que le témoignent les deux cicatrices que vous portez au col et à la joue.

— Blessé par mon propre couteau, — dit Obenreizer, en touchant ces marques sinistres, témoins parlants de l’horrible lutte.

— Par votre propre couteau, en essayant de sauver votre ami, — affirma le notaire. — Bien, très bien… C’est singulier. J’ai trouvé plaisant de penser que j’ai eu autrefois un client de ce nom de Vendale.

— Le monde est si petit ! — fit Obenreizer.

Toutefois, il prit note intérieurement que Maître Voigt avait eu jadis un client de ce nom.

— Je vous disais donc, — reprit-il, — qu’après la mort de mon cher compagnon de voyage, mes chagrins avaient commencé. Je me rendis à Milan. Je suis reçu avec froideur par Defresnier et Compagnie. Peu de temps après ils me chassent. Pourquoi ? On ne m’en