Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/19

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tête chauve. En ce moment, Wilding le réjouissait fort, il trouvait que le franc langage du jeune homme et la simplicité de son cœur étaient deux choses bien comiques.

— Oui, — dit-il, — je pense que vous avez le droit d’être satisfait… Oui, vraiment… Ah ! ah !

Il y avait sur le bureau, des biscuits, une carafe, et deux verres.

— Aimez-vous le vieux Porto de quarante-cinq ans ? — dit Wilding.

— Si je l’aime ? — répéta Bintrey, — mais vous m’en avez fait assez boire…

— C’est du meilleur coin de notre meilleure cave, — s’écria Wilding.

— Eh ! oui. Je vous remercie, monsieur… excellent vin !

Puis il se mit à rire de nouveau tout en élevant son verre et lui faisant les doux yeux. Il lui paraissait aussi bien plaisant qu’on pût se séparer sans regret d’un pareil vin et surtout le faire boire gratis à personne.

— Maintenant, — reprit Wilding, qui apportait jusque dans la discussion des affaires une gaieté d’enfant, — je crois que nous avons tout arrangé, Monsieur Bintrey, et le mieux du monde.

— Le mieux du monde, — reprit Bintrey.

— Nous nous sommes assuré un associé.

— Oui, nous nous sommes assuré un associé !… Oui, vraiment !

— Nous demandons dans les journaux une femme de charge.