Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/193

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en bon ordre et par étage, des boîtes de bois, ornées de marqueteries Suisses et portant toutes, en lettres de couleur, des lettres fantastiques, le nom des clients de l’étude. Maître Voigt alluma un flambeau.

— Vous allez voir l’horloge, — dit-il avec orgueil, — je peux dire que je possède la première curiosité de l’Europe… et ce ne sont que des yeux privilégiés à qui je permets de la voir. Or, ce privilège je l’accorde au fils de votre excellent père. Oui, oui, vous serez l’un des rares favorisés qui entrent dans cette chambre avec moi. Voyez là, sur le mur de droite du côté de la porte.

— Mais c’est une horloge ordinaire ! — s’écria Obenreizer. — Non, elle n’a qu’une seule aiguille.

— Non, — dit Maître Voigt, — ce n’est pas une horloge ordinaire : Non… non… cette seule aiguille tourne autour du cadran, et le point où je la mets moi-même règle l’heure à laquelle la porte doit s’ouvrir. Tenez ! L’aiguille marque huit heures : la porte ne s’est-elle pas ouverte à huit heures sonnant ?

— Est-ce qu’elle s’ouvre plus d’une fois par jour ? — demanda le jeune homme.

— Plus d’une fois ? — répéta le notaire avec un air de parfait mépris pour la simplicité de son nouveau clerc. — Vous ne connaissez pas mon ami : Tic, Tic. Il ouvrira bien autant de fois que je le lui dirai. Tout ce qu’il demande, ce sont des instructions, et voilà que je les lui donne… Regardez au-dessous du cadran : il y a ici un demi-cercle en acier qui pénètre dans la muraille ; là est une aiguille appelée le régulateur, qui voyage tout autour du cadran, suivant le caprice de