Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/28

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à manger, bien chaude, en poussant un Hip hurrah ! vigoureux et en portant des toasts aux convives ; autre chose de s’en remplir soi-même par les pores et par les poumons, au fond d’une cave basse et noire et dans une atmosphère moisie. » Je disais cela à Pebblesson Neveu. Ah ! Monsieur Wilding, mon jeune maître, j’ai été garçon de cave toute ma vie, j’ai appliqué toute mon intelligence au travail, et me voilà aussi abruti qu’un homme peut l’être. Allez ! vous ne trouverez pas plus abruti que moi. Vous ne trouverez pas non plus mon égal en humeur noire. Chantez, videz gaiement vos verres. On dit que chaque goutte que vous répandez sur vous efface une ride… je ne dis pas non. Mais essayez de humer le vin par vos pores quand vous n’en avez pas besoin. Et vous verrez.

— Je suis désolé de ce que vous me dites, Joey, — répondit Wilding. — Et moi qui avais espéré que vous réuniriez une classe de chant dans cette maison.

— Moi, monsieur !… Monsieur Wilding, mon jeune maître, vous ne prendrez pas Joey Laddle à s’occuper d’harmonie ! Une machine à avaler, monsieur, c’est tout ce que je puis être en dehors de mes caves ! L’estomac n’est pas mauvais. Cependant, je vous remercie, puisque vous pensez que je vaux la peine que vous voulez prendre en me faisant vivre chez vous.

— Je le veux, Joey.

— N’en parlons plus, monsieur. C’est dit… Mais, monsieur, n’êtes-vous pas sur le point de prendre le