Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/73

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— Dieu m’en préserve ! Mais le vin que je prends par les pores et qui est grognon me dit que vous êtes trop jeunes. Vous êtes trop jeunes tous les deux.

— C’est un malheur que nous trouverons bien le moyen de réparer quelque jour, Joey.

— Sans doute, Monsieur George, mais moi, qui trouve le moyen de vieillir chaque année, je ne vous verrai point devenir sages.

Et Joey se sentit si content de ce qu’il venait de dire qu’il se mit à rire aux éclats.

— Ce qui est beaucoup moins gai, — reprit-il, — c’est que Monsieur Wilding, depuis qu’il dirige la maison, en a changé la chance. Remarquez bien ce que je vous dis. La chance est changée. Il s’en apercevra. Ce n’est pas pour rien que j’ai passé ici dessous toute ma vie. Les remarques que je fais ne me trompent jamais. Je sais quand il doit pleuvoir ou quand le temps veut se maintenir au beau, quand le vent va souffler, quand le ciel et la rivière redeviendront calmes. Et je sais aussi bien quand la chance est près de changer.

— Est ce que la végétation qui croît sur ces murs est pour quelque chose dans vos observations ? — demanda Vendale, en tournant sa lumière vers de sombres amas d’énormes fongus, appendus aux voûtes, et d’un effet désagréable et repoussant.

— Oui, Monsieur George, — répliqua Joey Laddle, reculant de quelques pas. — Mais si vous voulez suivre mon conseil, ne touchez pas à ces vilains champignons.

Vendale avait pris une longue latte des mains de