Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/81

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En vérité, il n’y avait plus rien à faire que de s’en retourner à Londres. Il reprit le train. De temps en temps, durant le trajet, il contemplait cette note inutile qui avait été le guide de son voyage, la copie extraite du Registre des Enfants Trouvés. Il fit un geste comme pour jeter au vent ce papier menteur, mais la réflexion l’en empêcha.

— Qui sait, — pensa-t-il, — cette note peut encore servir, je ne m’en séparerai point tant que je vivrai, et mes exécuteurs testamentaires la trouveront cachetée sous le même pli que mon testament.

Son testament !… Et pourquoi ne le ferait-il point ? Cette idée s’empara de lui avec force. Ce testament nécessaire, il résolut de le rédiger sans perdre de temps. Et il continua son voyage songeant à toutes ses démarches perdues, et murmurant :

— Plus d’espoir possible !… Pas d’issue !… pas d’issue !…

Ces derniers mots étaient de la façon de Bintrey. Dans sa première conférence avec Wilding, l’homme d’affaires s’était écrié au bout d’un moment : « Pas d’issue ! ». Et cent fois, durant l’entretien, secouant la tête et frappant du pied, ce sagace personnage, jugeant la situation sans remède, s’était pris à répéter : « Pas d’issue !… pas d’issue !… »

— Ma conviction, — ajoutait-il, — c’est qu’il n’y a rien à espérer après tant d’années ; et mon avis, c’est que vous demeuriez tranquille possesseur des biens qu’on vous a légués.

Wilding avait fait apporter de nouveau le vieux