Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/92

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qui s’adressait particulièrement à Wilding, il s’écria :

— Après cela, vous pouvez tous tant que vous êtes, aller vous coucher.

Ce fut ainsi que commencèrent la connaissance personnelle et les relations de société entre Marguerite Obenreizer et Joey Laddle. La jeune fille trouva le compliment si original et en rit de si bon cœur, que Joey s’approcha d’elle après le concert pour lui dire qu’il espérait n’avoir pas eu la maladresse de dire une maladresse. Marguerite l’assura qu’il avait eu beaucoup d’esprit. Joey inclina la tête d’un air satisfait.

— Vous ferez renaître ici les temps heureux, mademoiselle, — dit-il. — C’est une personne comme vous… et pas une autre… qui pourrait ramener la chance dans la maison.

— Ramener la chance !… — fit-elle dans son charmant anglais un peu gauche. — J’ai peur de ne pas vous comprendre.

— Mademoiselle, — dit Joey d’un air confidentiel, — Monsieur Wilding a changé ici la chance. Ne le savez-vous pas ? C’était avant qu’il prît pour associé le jeune George Vendale. Je les ai avertis. Allez, allez, ils s’en apercevront. Pourtant, si vous veniez quelquefois dans cette maison, et si vous chantiez pour conjurer le sort, vous sauriez peut-être bien l’apaiser.

Le Mercredi suivant, on remarqua autour de la table que l’appétit de Joey n’était plus digne de lui-même. On chuchota, on sourit. Chacun disait que ce miracle de Joey Laddle ne mangeant plus que comme