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CHAPITRE IX.

Parais ! disparais !


« Arthur, mon garçon, dit M. Meagles le lendemain soir, mère et moi nous avons causé de notre entrevue d’hier, et nous ne serions pas à notre aise si nous laissions les choses dans cet état. Cette élégante parente à nous… cette chère dame que vous avez vue hier…

— Je comprends, dit Arthur.

— Cet ornement de la société, malgré sa condescendance et son affabilité, pourrait bien nous représenter sous un faux jour. Nous sommes prêts à endurer bien des choses par amour pour Chérie, mais si ça lui était égal, nous aimerions mieux ne pas laisser sans réponse les insinuations de cette dame.

— Bon, dit Arthur. Continuez.

— Car, voyez-vous, poursuivit M. Meagles, cela pourrait nous faire du tort dans l’esprit de notre gendre, cela pourrait même nous faire du tort dans l’esprit de notre fille, et causer beaucoup de désagréments domestiques. Vous comprenez ça, n’est-ce pas ?

— Certainement, répliqua Clennam. Il y a beaucoup de raisons dans ce que vous dites. »

Il venait de regarder Mme  Meagles, qui était toujours du côté du bon, et il avait lu dans son visage ouvert qu’elle le priait de donner raison à M. Meagles.

« De sorte que nous sommes fort disposés, mère et moi, ajouta M. Meagles, à faire nos malles pour nous en retourner chez les en avant marchons. Je veux dire que nous sommes fort disposés à nous mettre en route et à traverser la France au galop pour aller en Italie retrouver notre Chérie.

— Et je ne crois pas, répondit Arthur, touché par le bonheur qui éclairait par anticipation le visage de Mme  Meagles (elle avait dû ressembler beaucoup à sa fille, autrefois), que vous ayez rien de mieux à faire. Si donc vous me demandez mon avis, je vous conseille de partir demain.

— Bien vrai, hein ? dit M. Meagles. Mère, voilà ce que j’appelle une approbation en règle. »

Mère, avec un coup d’œil de reconnaissance qui fit beaucoup de plaisir à Arthur, répondit qu’en effet on ne pouvait mieux les confirmer dans leur avis.

« D’ailleurs, reprit M. Meagles, pendant que l’ancien nuage revenait assombrir son front, d’ailleurs le fait est que mon gendre a