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Page:Dickens - Le Grillon du foyer.djvu/130

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GRILLON DU FOYER

— Je crains que je ne l’eusse fait, ma chère, répondit Caleb, si j’avais pu la peindre mieux qu’elle n’était. Mais si je l’avais changée, c’eût été la rendre moins bien. On ne peut rien dépeindre de mieux qu’elle.

La confiance de l’aveugle en faisant cette question, son plaisir et son orgueil en entendant la réponse, et son bonheur en l’embrassant de nouveau, étaient charmants à contempler.

— Cependant il peut arriver plus de changement que vous ne le pensez, ma chère, dit Dot. Des changements en mieux, je veux dire ; des changements pour la plus grande joie de nous tous. Il ne faut pas trop vous en émouvoir s’ils arrivent.

— Quelles sont ces roues qu’on entend sur la route ?

— Vous avez l’oreille fine, Berthe. Sont-ce des roues ?

— Oui, et elles vont vite.

— Je… je… je sais que vous avez l’oreille délicate, dit Dot en mettant la main sur son cœur, et parlant évidemment aussi vite qu’elle le pouvait pour cacher son agitation ; car je l’ai remarqué souvent, et vous avez été très prompte à distinguer le pas étranger la nuit passée. Cependant je ne sais pas, en me souvenant que vous dites : ― de qui est ce pas ? ― je ne sais pas pourquoi vous fîtes attention à ce pas plutôt qu’à un autre. Mais, comme je viens de le dire, il y a de grands changements dans le monde, de grands changements,