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GRILLON DU FOYER

depuis les circonstances qui avaient mené le grand changement dans le commerce de l’indigo, elle avait prévu qu’elle serait exposée toute la vie à toute espèce d’insultes et d’outrages ; elle était satisfaite de voir qu’il en était bien ainsi. Elle pria qu’on ne fit plus attention à elle, car, qu’était-elle ? un rien. On n’avait qu’à l’oublier et à suivre la voie sans elle. De cette humeur sarcastique elle passa à la colère, dans laquelle elle laissa échapper cette remarquable expression, que le ver se redresse quand on le foule aux pieds. Après cela, elle se laissa aller à un regret adouci, et dit : « S’ils m’avaient donné leur confiance, que n’eussé-je pas pu suggérer ! » Profitant de cette crise dans ses sentiments, l’expédition l’embrassa, et bientôt elle eut mis ses gants, et fut en chemin pour la maison de John Peerybingle dans une tenue irréprochable, portant à son côté dans un paquet de papier un bonnet de cérémonie, presque aussi grand et aussi raide qu’un mètre.

Après cela il restait encore à venir le père et la mère de Dot dans une autre petite voiture, et ils étaient en retard ; on avait quelques craintes, on allait regarder de temps en temps sur la route. Mistress Fielding regardait toujours du côté qu’il ne fallait pas, et comme on le lui faisait observer, elle répondait qu’elle était bien maîtresse de regarder là où elle voulait. À la fin, ils arrivèrent. C’était un charmant couple de paysans, mis d’une manière particulière à la famille de Dot.