Aller au contenu

Page:Dickens - Le Grillon du foyer.djvu/30

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
27
GRILLON DU FOYER.

— Mais lui en bois vieux ! Il est bien peu fait pour elle ! De combien d’années est-il plus âgé que vous Gruffs Fackleton, John ?

— Demandez-moi plutôt combien de tasses de thé je boirai ce soir de plus qu’il n’en boirait en quatre soirées, répondit John d’un ton de bonne humeur, en approchant une chaise de la table ronde, et en commençant à manger le jambon. ― Quant à manger, je mange peu, mais ce peu me profite, Dot.

Il disait cela et il le pensait toutes les fois qu’il mangeait, mais c’était une de ses illusions, car son appétit le trompait toujours. Ces paroles n’éveillèrent cette fois aucun sourire sur le visage de sa femme, qui resta au milieu des paquets, après avoir poussé du pied la boîte au gâteau, qu’elle ne regardait plus, elle ne pensait pas même au soulier mignon dont elle était fière quoique ses yeux fussent fixés dessus. Absorbée dans ses réflexions, oubliant le thé et John ― quoiqu’il l’appelât et frappât la table de son couteau pour attirer son attention, ― elle ne sortit de sa rêverie que lorsqu’il se leva et vint lui toucher le bras. Elle le regarda, et courut se mettre à la table à thé, en riant de sa négligence. Mais son rire n’était plus le même qu’auparavant ; la forme et le son étaient changés.

Le Grillon aussi avait cessé de chanter. La cuisine n’était plus si gaie, elle ne l’était plus du tout.

— Ainsi, voilà tous les paquets, n’est-ce pas, John ?