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GRILLON DU FOYER.

mura Caleb à l’oreille de sa fille, quel homme joyeux ! vous croiriez qu’il vous parle sérieusement, si vous ne le connaissiez aussi bien que moi.

La jeune aveugle sourit en remuant la tête en signe d’assentiment.

— On dit qu’il faut s’appliquer à faire chanter l’oiseau qui ne chante pas, grommela M. Tackleton. Mais lorsque le hibou qui ne sait pas et qui ne doit pas chanter veut chanter, que doit-on faire ?

— Si vous pouviez le voir en ce moment, dit Caleb à sa fille encore plus doucement, oh ! qu’il est gracieux !

— Vous êtes donc toujours agréable et gai avec nous, s’écria Berthe en souriant.

— Ah ! vous voilà, vous ? répondit Tackleton. Pauvre idiote !

Il s’était mis réellement dans la tête qu’elle était idiote, et se fondait peut-être dans cette opinion sur la gaieté et l’affection qu’on lui témoignait.

— Bien ! vous êtes là ; comment allez-vous ? lui dit Tackleton de sa voix brusque.

— Oh ! Bien, complètement bien. Je suis si heureuse quand vous venez me voir. Je vous souhaite autant de bonheur que vous voudriez que les autres en eussent, si c’est possible.

— Pauvre idiote, murmura Tackleton, pas un rayon, pas une lueur de raison !